Tribunes

Relancer le commerce : un partenariat entre acteurs du numérique et commerces physiques

12/01/2021

C’est l’une des conséquences de cette crise : nous avons pris conscience de l’existence d’une opposition stérile entre commerce en ligne et commerce physique. Les confinements successifs et les contraintes sanitaires et réglementaires liés à la pandémie du Covid-19 pèsent sur de nombreux secteurs. Côté commerce, cela a représenté un véritable coup dur pour les magasins physiques dits "non essentiels". En revanche, pour les marques, les enseignes, les commerces de proximité qui ont vendu en ligne, la relation avec le consommateur s’est digitalisée à toute vitesse, avec des ventes record au second trimestre, selon la Fevad*. Les commerçants qui ont misé sur la complémentarité entre ventes en ligne et physiques et s’appuient sur des intermédiaires dont c’est l’expertise ont moins souffert de la crise que les autres. Surtout, ils continueront d’en bénéficier, à condition de choisir le bon partenaire.

Il existe deux modèles antagonistes de plateformes

Après deux confinements, à peu près tout ce qui pouvait l’être de nos vies a été digitalisé : les jeunes écoliers comme leurs parents ont découvert l’école et le travail à distance, la télémédecine est devenue une pratique courante, etc. Les outils numériques étaient disponibles, mais ils étaient sous-exploités. 30 % seulement des petites entreprises sont digitalisées en France contre 72 % en Allemagne ou en Italie. Pourquoi ?

Il existe une réelle défiance en France envers le e-commerce qui serait entre les mains de géants peu soucieux des commerçants français et qui détourneraient les clients de leurs boutiques. Cette situation s’explique par le fait que les différences entre les modèles d’activité de ces "pure players" sont incomprises. Or, il est crucial d’établir une distinction fondamentale, entre deux types d’acteurs : d’un côté les "plateformes hybrides" qui accueillent des enseignes et commerces mais qui vendent aussi leurs produits et font ainsi concurrence aux marchands hébergés sur leur site et de l’autre, les galeries marchandes virtuelles qui par définition ne distribuent pas leurs propres produits mais sont des "tiers de confiance" dont le métier est de mettre en relation marchands et consommateurs.

Faire du numérique un levier de compétitivité pour les commerces français

Loin de signer la fin du commerce physique, la vente en ligne représente pour les commerçants l’opportunité d’étendre leur zone de chalandise et de multiplier les canaux de retrait (le click & collect a ainsi montré qu’il pouvait contribuer à une multiplication par 2 de la croissance des commerçants).

Voilà pourquoi il faut repartir du bon pied, en somme, et embarquer tous les commerçants dans une aventure prometteuse qui n’en est qu’à ses débuts : celle d’un commerce omnicanal et augmenté, enrichi de services dédiés aux consommateurs.

La digitalisation des commerces doit être équitable

Dans la société post Covid-19, on verra sans aucun doute l'accélération de ce monde toujours plus digital et notamment pour tous les commerçants dans leurs relations avec leurs clients et prospects. Or, dans un contexte de concurrence accrue, il sera de plus en plus difficile de se développer seuls en ligne. Les procédures sont complexes et les coûts d’acquisition de plus en plus élevés.

Il est donc intéressant pour les commerçants de toucher leurs consommateurs via une place de marché "équitable". Place de marché et commerce physique ont ainsi naturellement vocation à se rejoindre dans un écosystème vertueux fondé sur le soutien aux commerçants et sans concurrence directe. Lorsque que le cœur de l’activité de la place de marché est l’intermédiation, il devient possible à des milliers de petits commerçants d’avoir leur boutique en ligne sous leurs propres couleurs et de faire d’Internet un canal additionnel pour disposer d’une vitrine supplémentaire et toucher de nouveaux clients.

Outre le choix de son intermédiaire, reste ensuite la prise en mains. Nombre de commerçants ne parviennent pas à se projeter dans le principe d’une vente en ligne qui leur est totalement inconnu : photographier ses articles, gérer son catalogue, sa livraison ou même sa trésorerie… autant de nouvelles tâches qui ne font pas encore partie du métier de ces commerçants traditionnels.

C’est pourquoi, dans le cadre d’une relance numérique de notre économie et nos TPE/PME, les pouvoirs publics, les collectivités, les associations de commerçants doivent faire confiance aux acteurs du numérique qui se positionnent en tant que véritables partenaires. L’avenir du commerce s’inscrit dans cette synthèse du commerce numérique et du commerce physique qui répond également aux attendent d’un consommateur devenu pleinement omnicanal et qui demande que les deux univers fonctionnent mieux ensemble pour lui faciliter ses démarches quotidiennes.

Fabien Versavau, PDG de Rakuten France

* Chiffres T2 2020 - Fevad