On ne pourra jamais faire l’économie du livre
En 2020, des milliers de librairies et de bibliothèques dans le monde ont été contraintes de fermer leurs portes pour enrayer la propagation du coronavirus. Leur activité en a été profondément affectée mais les libraires ont pu trouver dans les plateformes de e-commerce de précieux alliés. Grâce à ce partenariat, les ventes de livres en ligne ont connu une très forte progression. Sur notre place de marché, nous avons vendu 25 % de livres supplémentaires par rapport à l’année précédente. Toutefois, la vente sur notre plateforme de ces produits culturels n’est pas un fait nouveau. Les libraires font partie de nos partenaires historiques. Convaincu de l’importance de la lecture, j’ai souhaité vous partager trois ouvrages qui ont marqué à la fois le lecteur passionné que je suis mais aussi le citoyen et le dirigeant d’entreprise.
- L’entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera plus (Pascal Demurger)
Le premier d’entre eux est l’ouvrage de Pascal Demurger, Directeur général du groupe MAIF, L’entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera plus (2019). L’auteur y démontre avec brio que l’engagement d’une entreprise peut devenir sa source principale de performance économique. Il nous incite à nous affranchir de la responsabilité sociétale des entreprises pour passer à l’étape suivante, celle qu’il nomme audacieusement « l’entreprise politique ». J’y vois une source d’inspiration. Comment ne pas reconnaître dans son « obsession du temps long » la culture de l’excellence de service et de fidélisation de notre groupe international d’origine japonaise ? Comment ne pas voir dans son plaidoyer en faveur de la convergence des intérêts des entreprises et de leurs interlocuteurs un écho au travail que nous menons aux côtés des libraires ?
- Capitalisme, Socialisme et Démocratie (Joseph Schumpeter)
Ce sont d’ailleurs ces mêmes partenaires que nous avons accompagnés, au plus fort de la crise, dans la digitalisation de leur activité. En la matière, les mutations qui s’opèrent sont rapides, nombreuses, plurielles. Me replonger dans la lecture de Capitalisme, Socialisme et Démocratie (1942) de Joseph Schumpeter me permet de puiser dans le passé des concepts qui me guident pour mieux analyser le présent. Sa théorie de la destruction créatrice n’a rien perdu de sa pertinence lorsqu'il s’agit d’étudier l’impact économique des innovations numériques et technologiques d’aujourd’hui.
- Dans la forêt (Jean Egland)
Ces innovations ne sont pas seulement sources de richesses et créatrices de valeur, elles peuvent aussi apporter des solutions pour lutter contre le dérèglement climatique. Nous sommes, sur ce sujet, à l’aune de changements considérables qui peuvent nous effrayer mais sur lesquels nous devons tenter de porter un regard différent. Ces sujets, la littérature les explore depuis longtemps. Dans la forêt (1996) de Jean Egland, avait à sa sortie été qualifié de « choc littéraire ». Ce roman m’a captivé et beaucoup questionné. Et si « les contemporains d'une époque charnière de l'Histoire [étaient effectivement] les personnes les moins susceptibles de la comprendre » ? Il fait aussi partie de ces livres qui permettent de saisir l’urgence, qui donnent l'élan d’agir pour préserver nos ressources et réduire notre empreinte carbone. Être éco-responsable, c’est s’engager à acheter des biens de seconde main. C’est aussi « vivre mieux avec moins ». En ce qui concerne les livres, le marché de l’occasion a encore de beaux jours devant lui. En revanche, personne ne peut vivre avec moins de livres. Le personnage de Nell, créé par Jean Egland, le sait bien. C’est le seul objet dont elle n’a pu se défaire complètement, le seul dont on ne pourra jamais faire l’économie.